Hier matin, cinquante salariés d’Akka IS (ex Akka IS Nord et Sud) manifestaient devant les grilles de l’entreprise toulousaine. Depuis que la SSII de Maurice Ricci les a rachetés, ils perdent leurs acquis sociaux. Pourtant, le big boss fait grossir sa fortune. Reportage.
Ce matin-là devant les portes d’Akka, le temps est à l’image du morale des troupes. Mais la pluie n’aura pas eu raison de leur détermination. Cinquante ingénieurs d’Akka IS, filiale d’Akka Technologies depuis que cette dernière à racheté Coframi, sont en grève reconductible. « 150 salariés se sont déclarés grévistes », explique Franck Laborderie, le délégué syndical CGT à l’origine du mouvement organisé conjointement avec FO. Un accord sur le temps de travail signé par les syndicats minoritaires (CFDT et CFTC) a mis le feu aux poudres. Il prévoit de rabaisser, entre autre, les jours de réductions du temps de travail (RTT). Un accord dont les temps partiels sont les grands perdants.
Politique des Akka’ctionnaires
Akka Technologies, qui compte 58 entités, semble être rentrer dans l’ère du nivellement par le bas de l’ensemble de ses filiales. « On me change mon contrat !, s’indigne Max, 25 ans, embauché il y a huit mois. Je n’ai pas signé pour la Syntec (la convention Syntec, convention collective du secteur qui propose un concentré de moins-disant social, NDLR) ». Un jeu de dupes qui n’a qu’un objectif comme le clame une banderole accrochée aux grilles : « 80% de salariés pas augmentés, 100% d’actionnaires grassement payés ».
« Il n’y a eu aucune communication de l’entreprise sur l’accord, s’étonne Jeff, c’est tombé d’un coup ! » Alexandre enchaîne : « Depuis trois ans, les avantages sociaux descendent : on n’a plus d’intéressement et la participation a été divisée par deux », explique-t-il, avant de poursuivre : « à côté de ça, Ricci gagne 30% sur sa fortune (27,12% entre 2009 et 2010 d’après le magazine Challenges, NDLR). » De l’argent, il y en a donc mais l’ami Ricci et ses comparses préfèrent le mettre ailleurs : « Ils mettent tout dans la communication ! », ajoute Mathieu pour qui l’opération job-dating est resté en travers.
Maurice Ricci : l’Akka’tastrophe !
Akka Technologies respecte à la lettre toutes le déviances du secteur. Lionel* en fait les frais chaque jour : « J’ai un niveau de Bac+2 mais je suis vendu au client en tant qu’ingénieur. Mais mon salaire reste celui d’un Bac+2. » Alexandre explique : « Sur les projets, les gros salaires sont sortis car ils bouffent de la marge. » Akka les remplace donc par des salariés que la SSII paie au rabais.
Un autre salarié faisant partie de Silogic, avant que l’entreprise ne soit, elle-aussi, absorbée par Akka poursuit : « Du temps de Silogic, c’était plus humain et les gens étaient impliqués. Nous avions une bonne participation et un bon intéressement. Quand Akka a repris, seul l’argent a compté. » La finance sauce Ricci est depuis passée par là. Et, la négociation semble impossible. « Leur grand argument c’est : «de toute façon, ce n’est pas mieux ailleurs» ! », rajoute Isabelle. « Leur politique est simple : il nivelle par le bas », conclu Jeff, amer.
Salaires : des Akka’cahuètes !
A côté de cet accord au rabais sur le temps de travail, la direction d’Akka fait un simulacre de négociation autour des NAO (négociations annuelles obligatoires). « Ils ne proposent rien ! », répètent en choeur les délégués syndicaux. Quant à l’accord incriminé, il n’est pas à une régression près : « il est en-dessous de la Syntec ! », analyse Marie-Josée Dadrainville de FO. « La direction n’arrête pas de nous dire d’avoir l’esprit de groupe, poursuit Franck Laborderie. Quand on voit les augmentations des résultats en 2010, on comprend que la suppression des acquis sociaux, c’est ça qui fait le bénéfice. » Pas tellement « corporate »… Le rapport de force est aujourd’hui engagé dans l’entreprise. Après Assystem le mois dernier, il s’agit de la deuxième grève dans une SSII à Toulouse. A qui le tour ?
* Le prénom a été changé à la demande du témoin
Vous avez été mal informé : l’accord signé par CFDT et CFTC maintenait les RTT et en particulier pour les temps partiels.
C’est la dénonciation de leur signature par CGT et FO qui fait que la Syntec s’applique …
Dans la filiale AKKA I&S (ex Coframi) société soeur d’AKKA Informatique et Systèmes (ex Silogic) où a été dénoncé l’accord sur le temps de travail, il existe un « Réglement d’Application de la RTT » qui a été mis en place de façon unilatérale lors du passage aux 35 heures en mars 2001. Depuis cette époque, les temps partiels avaient des jours de RTT » proratisés » et un horaire hebdomadaire inférieur à 35 heures. Désormais, les contrats des temps partiels ne font plus référence à ces jours de RTT et l’horaire hebdomadaire est diminué. Mais en clientèle le temps travaillé reste bien souvent le même ce qui cause réellement un problème.
Voici les extraits concernant les temps partiels présents dans l’accord refusé par les sections FO et CGT d’AKKA IS démontrant ainsi :
1.- La véracité des informations de Nicolas Séné
2.- Le manque d’information et/ou la tentative de désinformation de « Vrai Semblant » qui justifie de se cacher derrière l’anonymat !
« Conformément à l’article L.3123-1 du Code du Travail les salariés dont la durée du travail est inférieure à la durée légale du travail hebdomadaire, ou mensuelle ou annuelle, sont considérés à temps partiels. Ces salariés ne bénéficient pas de jours de repos complémentaires au titre de la réduction du temps de travail. »
L’exception est faite pour les salariés en temps partiel avant le 31 mars 2010 et « non renouvelable » chaque année :
« Il est précisé que les salariés qui disposent à la date d’effet du présent accord d’un contrat de travail à temps partiel établi antérieurement au 1er avril 2010 en référence à un horaire hebdomadaire de 37 heures continuent à bénéficier des mêmes modalités horaires prévues au sein de leur contrat de travail, sauf modification par accord individuel. Ainsi, ces salariés peuvent prétendre à des jours de repos complémentaires au prorata du nombre de jours travaillés sur la période de référence. »
Cet accord présentait donc un caractère discriminatoire entre un salarié avec un temps partiel signé avant le 31 mars 2010 et un salarié à temps complet qui, les belles choses de la vie privée faisant et désirant l’adapter à la vie professionnelle en passant en temps partiel, se verra traité différemment que le premier salarié : avec un temps partiel non proratisé car signé après le 1er avril 2010.
De plus, nous n’avons pas cessé de démontrer que la non-proratisation des RTT pour les temps partiels non seulement ne convenait pas aux salarié-e-s en temps partiels mais aussi au chiffre d’affaire (perte de 7%!!). Cela arrange tout le monde (client, salarié-e-s, entreprise) malheureusement la méconnaissance du terrain aussi bien sur le plan humain qu’économique ne permet pas à certains de prendre du recul, de se poser, de réfléchir et de prendre des décisions faisant l’unanimité.
Pourquoi avoir développé ce thème ? Car il a été abordé comme tout le reste dans l’accord heureusement « dénoncé », avec peu de respect pour toutes les populations de salarié-e-s, sans équité, en-dessous du minima conventionnel SYNTEC pour certains (modalité 2 cadre en mission à 109% au lieu de 115% dans SYNTEC), sans aucune légitimité et donc sans aucun espoir possible d’adhésion des salarié-e-s. Je mets au défi les fédérations des syndicats signataires de nous justifier une telle adhésion à ce type d’accord !
Un Aménagement du Temps de Travail concerté est possible. Nous avons besoin d’interlocuteurs à l’Ecoute du terrain.
A suivre…
Franck LABORDERIE-CAVADA
DS CGT AKKA IS