Que faisait hier soir Paul Hermelin, le directeur général de Capgemini ? Il devait être devant son poste de télévision à regarder ses amis socialistes débattre sur France 2 dans le cadre des primaires du PS. Oui, Paul est socialiste même si ce qu’il prépare aux salariés de sa SSII n’a rien de social.
Capgemini serait donc dirigée par un rouge ? Rassurons-nous, si Paul Hermelin appartient bien au PS, il n’ a de socialiste que l’étiquette. Se disant « socialiste depuis toujours », Paulo a fait le parcours du bon petit soldat de l’élite française avec un pied dans le public et l’autre dans le privé.
P.H. neutre au PS
Sorti de Polytechnique et de l’Ena (promotion Guernica de 1976), il a fait se armes dans les ministères. D’abord, dans celui de Hubert Curien, Ministre de la Recherche, où il était directeur de cabinet. Ensuite, au même poste, mais au Ministère de l’Industrie dirigé alors par Dominique Strauss-Khan. Un emploi qui a dû lui être fort utile pour comprendre le milieu industriel avant de prendre les rênes de la SSII mondiale.
Avec ce parcours, on comprend aisément que Paul n’est pas socialiste version lutte des classes, mais celle affadie de social-démocrate porté par DSK, lui-même très proche des grands patrons de ce monde. Aujourd’hui, Paul a toujours un pied dans la politique : en tant qu’élu de l’opposition à la mairie d’Avignon où il siège à la commission sécurité.
Profession de foi anti-sociale
Avec ce CV de gauche, on pourrait s’attendre au moins à ce que Paul Hermelin réhumanise quelque peu le petit milieu des SSII. Non seulement ce n’est pas le cas mais ce qu’il prépare devrait inquiéter les salariés quant à leur bien être social dans l’entreprise.
Tout est annoncé dans sa profession de foi pour l’avenir du groupe qu’il a présenté à Londres en juin dernier lors de la conférence « Capgemini Analyst Day 2011 ». Paul veut que Capgemini atteigne la Champions League, une analogie avec le football qu’il est visiblement fier d’avoir trouvé car il la ressort à toutes les sauces, même dans « La lettre aux actionnaires ». Content donc de sa comparaison footballistique, au chapitre « Ambition et stratégie », il annonce : « Notre axe stratégique pour atteindre l’ambition de Champions League. »
Et le Zidane numérique de livrer son plan de jeu pour y arriver : « puissance de l’offshore combinant l’innovation et l’industrialisation ». En clair, Capgemini va poursuivre sa fuite avec l’ambition annoncée, dans les priorités 2011, d’atteindre 40 000 personnes en Inde . Sachant qu’en 2011, Capgemini avait déjà plus de salariés en Inde qu’en France, cette accélération de l’offshore ne va pas rassurer ses salariés nationaux.
Notons le terme d’industrialisation qui fleurit dans les communications des SSII. Cela veut dire qu’elles vont amplifier leurs travail exprimant une notion de travail à la chaîne. D’ailleurs, Paul le dit clairement et en anglais dans le texte : « Supply chain reengineering –Lean methods ». Le lean management va se généraliser chez Capgemini avec les conséquences que l’on sait pour le salarié : plus de flicage, de pression et moins de marge de manoeuvre dans la conduite des projets. D’ailleurs, l’autre priorité 2011, c’est : « generalization of our Lean methods for a reegineered delivery. » Paul conclut ainsi son propos : « Capgemini is determined to play in the global Champions League. » Mais avec le match qui se prépare, les joueurs vont-ils porter le maillot aussi facilement ?
Capgemini, estrade politique ?
Notre socialiste Hermelin a donc résolument tourné le dos aux idéaux qu’est pourtant censé porter son parti de gauche. D’ailleurs, sur le terrain politique, il a un concurrent direct chez Capgemini ! Fabrice Haccoun, directeur commercial, soutient l’Alliance républicaine, écologiste et sociale d’Hervé Morin et Jean-Louis Borloo. Aux universités d’été du mouvement (10 et 11/09/2011), Fabrice a lancé aux militants centristes : « Nous avons besoin d’un climat de confiance », avant de reprocher que « l’Etat ne joue plus son rôle, il se mêle de ce qu’il ne le regarde pas ! » Un exemple ? Fabrice éructe : « le social ! » Que se soit donc en paroles ou en actes, il est difficile de comprendre la différence entre ces deux politiques capgeminiens. Malheureusement pour les salariés du groupe, même s’ils n’ont jamais voté pour eux, ces deux-là sont pourtant leurs représentants.
« Réaliser une progression solide de notre marge est aujourd’hui NOTRE PRIORITE POUR LE GROUPE pour trois
raisons. D’abord, nous devons absolument démontrer que nous sommes en bonne voie pour devenir un
membre à part entière de la Champions League, et aborder 2012 avec un budget et un plan ambitieux.
Deuxièmement, la marge étant un excellent indicateur de la capacité d’une entreprise à vendre et délivrer des
services à haute valeur ajoutée, plus notre marge sera élevée, plus la valeur ajoutée que nous apporterons à
nos clients sera reconnue. Enfin, un bon niveau de profitabilité nous permettra d’investir plus fortement dans
l’innovation, les nouvelles offres, la formation, les nouveaux marchés ainsi que dans notre marque. Tous ces
éléments sont essentiels pour dépasser nos concurrents.
C’est pourquoi je compte sur chacun d’entre vous pour identifier les méthodes les plus efficaces pour servir
nos clients, pour vendre et délivrer plus et mieux, pour éviter le gaspillage de temps et d’argent, et investir
dans des actions qui ont une incidence directe sur la relation avec vos clients.
Le Comité Exécutif du Groupe et moi-même sommes totalement confiants dans notre capacité à
jouer et gagner la Champions League. Nous en avons les atouts, le capital humain et l’esprit combatif, ce que
j’appelle la « niaque ».
Paul Hermelin
Directeur Général du Groupe Capgemini »
OU la nique !