Hourra ! « Groupe Open touche les premiers dividendes de sa réorganisation », s’enthousiasme sur Channelbp.com Guy Mamou-Mani, son président. Si les actionnaires de la SSII semblent avoir mangé leur pain noir, les salariés doivent être au bord de l’indigestion.
Groupe Open applique une règle de base de gestion d’une entreprise moderne : utiliser ses salariés comme variable d’ajustement. Et ça marche ! Les résultats semestriels qui sont tombés en septembre dernier sont là pour en attester :+69% pour le Résultat opérationnel courant (ROC) par rapport aux six premiers mois de l’année dernière. Mais, me direz-vous, comment cela est-ce possible alors que sur la même période le chiffre d’affaires a chuté de 3% ? Petite analyse d’une saine gestion capitaliste.
Travailler plus pour gagner moins
Avant tout, le ROC est la « différence entre le chiffre d’affaires et les coûts liés à la fabrication des produits, à leur distribution, à leur vente et aux amortissements des investissements de l’entreprise. C’est un indicateur de la capacité de l’entreprise à dégager la marge nécessaire à son exploitation et à son développement. » Dans « ces fameux coûts liés à la fabrication des produits », on retrouve la masse salariale. D’ailleurs, dans son communiqué Groupe Open explique « cette tendance positive d’amélioration des indicateurs opérationnels » grâce à « la rationalisation des coûts de structure ». L’explication de texte est ici inutile : les coûts de structure, levez la main !
D’ailleurs, la SSII explique que son « TACE (Taux d’Activité Congés Exclus) se porte à 88,2% contre 86,9% au premier semestre 2010 » et que son « TJM (Taux Journaliser Moyen) est également en nette amélioration s’établissant à 406€ contre 388 euros en 2010. » Malgré ces performances, on doute que les salariés aient vu un changement sur leurs fiches de paie. Seuls leurs collègues de bureau sont différents.
Effectivement, en 2009, la SSII a entrepris une cure d’amaigrissement en se séparant de quelques subordonnés, ce qui a entraîné une « décroissance organique » de 10% du chiffre d’affaires 2010 : « Cette décroissance illustre la diminution du nombre de collaborateurs productifs, lesquels étaient 2800 au 31 décembre 2010, contre 3150 un an avant », expliquait déjà à Channelbp.com Guy Mamou-Mani (22/03/2011). « Le retour à la croissance de notre chiffre d’affaires sera progressif et indexé sur nos futurs recrutements. Groupe Open prévoit de recruter environ 800 nouveaux collaborateurs en 2011 », poursuivait le nutritionniste patronal.
Les seniors d’Open à la diet
Résumons donc les choses : Groupe Open se sépare de ses salariés sans engager de Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) et embauche à tour de bras cette année. A une exception près : les seniors. Ému par un précédent article de ce modeste blog sur la gestion RH de sa SSII, Gontran de Margerie Mouton qui se présente comme « faisant partie de l’équipe dirigeante de groupe open » explique que la baisse de 2010 est dû aux départs volontaires des salariés et lâche une autre information : un PSE est en cours pour les seniors.
Groupe Open s’engage à conserver 85% de ses seniors en 2010, 88% en 2011 et 90% en 2012, « ce qui ne veut pas dire que nous nous sommes engagés à nous délester de :
15% de nos seniors en 2010 ; 12% de nos seniors en 2011 ; et 10% de nos seniors en 2012″, explique en commentaire le même dirigeant. Ah la belle novlangue patronale ! Faut-il rappeler la définition d’un PSE : « plan destiné à éviter les licenciements ou à en limiter le nombre et à faciliter le reclassement du personnel dont le licenciement ne pourra être évité. » Le PSE est juste la version novlangue de l’ancien plan social.
En se séparant de ses seniors, Groupe Open applique-là une deuxième règle d’une entreprise moderne : se séparer de ses plus vieux salariés qui, certes s’ils ont plus d’expérience, ont plus d’ancienneté et touchent ainsi de plus gros salaires. Ils ont en plus la désagréable manie d’être moins malléables que les jeunes cadres dynamiques à qui l’on peut promettre monts et merveilles.
Partage du gâteau ?
« La balance de nos recrutements est de nouveau positive depuis le 2e trimestre 2010 », se réjoui l’heureux Guy Mamou-Mani. Après s’être séparé d’une partie de ses salariés, il rentabilise au mieux ceux qui lui reste et se retrouve même en manque. Alors, il lance cette année un grand plan de recrutement pour parfaire ses effectifs : 800 postes dont 350 restent encore à pourvoir selon le site internet du groupe.
Mais que les heureux(-ses) élu(-es) ne se réjouissent pas trop vite. Qu’ils (elles) négocient au mieux leur salaire d’embauche car ce ne sont pas les modestes primes de participation et d’intéressement qui gonfleront leurs revenus. Enfin, que tous les salariés gardent en tête la troisième règle essentielle d’une entreprise moderne : derrière chaque donnée économique se cache un coût social ; c’est la base même du salariat. Et, si « Groupe Open touche les premiers dividendes de sa réorganisation », qu’ils n’hésitent pas à demander leur part du gâteau.
Il ne fallait pas s’attendre à moins de leurs part…..l’esclavage reviens …….. !!
merci à toi d’afficher une vue très nette des miroirs sociaux.
La première source de dépense après les placards de pub en papier glacé tous plus inutiles et débiles les uns que les autres, ce sont les salaires et charges associées. Solution: supprimer les salaires et charges associées, virer tout ce qui coute (sauf la pub) et rentabilité maximum assurée. Vive OPEN! gloire à ses dirigeants, si ambitieux, tant pertinents, si éthiques, tant passionés, si engagés …. que personne n’y croit plus depuis longtemps !!!! signé: un sinistré d’Open, presqu’à terre de service.