Le nouveau patron d’Altran, un « clone » managérial

Philippe Salle, le nouveau patron d'Altran, ancien "clône" de McKinsey

Après avoir mis à la porte le dinosaure de Chaisemartin, les actionnaires d’Altran ont embauché Philippe Salle. Lequel a présenté le mois dernier son plan stratégique 2012-2015 qui recentre les activités du groupe en Asie.

Philippe Salle tient donc les rênes d’Altran depuis environ cinq mois après l’éviction de l’énigmatique Yves de Chaisemartin par les actionnaires du groupe. Le papi numérique a laissé l’entreprise en petite forme : une « perte nette de 27,7 millions subie au premier semestre 2011 », annonce l’agence Reuters (dépêche du 19/10/2011). Mais Philippe Salle a son plan pour sortir de la crise.

« Refocaliser » pour gagner plus

Altran espère ainsi un chiffre d’affaires de plus de 2 milliards d’€ en 2015. Et pour l’atteindre, « il faut qu’on fasse plus de 200 millions d’euros d’acquisitions d’ici quatre ans », explique son nouveau patron à Reuters. Philippe Salle a « son plan stratégique » pour y arriver : « un recentrage sur ses marchés clés et (…) une rationalisation de ses activités », a-t-il confié avant de préciser : « Mon objectif est de refocaliser le groupe, de le recentrer sur six pays en Europe, avant d’attaquer l’Asie. »

Altran va donc se « refocaliser » sur l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni et se concentrer sur « quatre grands pôles sectoriels, dont l’automobile, l’aéronautique, l’énergie et les télécommunications. » « L’année 2011 restera négative », prévient Philippe Salle, « et on reviendra en territoire positif en 2012. »

Recentrage chinois

De territoire, Philippe Salle compte effectivement en changer. Son plan est maintenant de percer le marché chinois : « Nous sommes trop petits en Chine, nous souhaitons trouver des partenaires pour accroître notre présence, la Chine sera un marché clé à l’avenir », a-t-il encore déclaré.
Pour couronner le tout, le nouveau patron veut maîtriser les frais généraux afin de limiter les coûts indirects à 18% du d’affaires d’ici quatre ans, contre 22,1% en 2010. Et pour bien mener la manœuvre, il va même embaucher un nouveau directeur financier. Maîtrise des coûts, rationalisation des activités et l’Asie en ligne de mire : les salariés du groupe devraient avoir quelques inquiétudes légitimes quant à leur avenir au sein de cette SSII à la dérive.

De « clone » managérial au karaté-kid technologique

Comment Philippe Salle va-t-il effectivement gérer les partenaires sociaux quand son plan stratégique va commencer à prendre forme ? On imagine le personnage assez retord quand on sait qu’il fait du karaté. Le karaté-kid technologique va-t-il donc réussir son pari ? A suivre. Quoiqu’il en soit, un coup d’œil à son CV n’est pas fait pour rassurer.

Espérons qu’il laisse derrière lui les réflexes acquis à la direction France du groupe Vedior, champion de l’intérim. Déjà que ses subordonnés des ressources humaines lâchent sans fard qu’Altran fait allègrement de la mise en régie, illégale au regard du Code du travail, gageons que Philippe Salle maîtrise le sujet et se rappelle que le prêt de main d’œuvre n’est légal que dans le cadre de son ancien boulot, l’intérim.

En tout cas, le bonhomme est allé à bonne école côté management. Entre 1995 et 1999, il a été directeur de projet à McKinsey, « la plus importante société de conseil en stratégie et management », nous apprend Isabelle Bourboulon dans son dernier livre : « Le livre noir du management ». Communément nommée « The Firm », McKinsey est réputée par « le recrutement extrêmement sélectif » de « clones ». Le leitmotiv y est : « le client est toujours roi ». « Même le week-end : vous avez beau être en famille, votre esprit est encore mobilisé par le travail », témoigne un ancien de McKinsey dans ce livre . Avant de préciser : « dans les valeurs partagées, il y a aussi les fêtes et les grands-messes avec prêtres, évêques, papes, popes… » Un « esprit d’entreprise » que connaissent déjà bien les salariés de SSII. Enfin, Mc Kinsey a élaboré un « management très sophistiqué » où les « collaborateurs » sont régulièrement notés. Philippe Salle va-t-il pouvoir mettre de côté ses réflexes conditionnés de « management sophistiqué » ? Les salariés d’Altran nous le diront.

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A propos Nicolas Séné

Nicolas Séné, journaliste indépendant spécialisé dans les questions sociales, a recueilli une foule de témoignages. Il démontre, exemples vécus à l’appui, comment les cadres des SSII sombrent d’année en année dans un marasme professionnel, moral et personnel de plus en plus profond. Un malaise nouveau, typique du capitalisme actuel, dont personne ne semble avoir encore pris la mesure.
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