Le patron du Syntec numérique fait son cinéma

DRJeudi dernier, le Syntec numérique organisait une conférence de presse pour faire le point sur « une année 2011 très dynamique » et faire des plans sur la comète pour 2012. Guy Mamou-Mani, le patron du syndicat professionnel, en a surtout profité pour faire son cinéma. Moteur !

Si Guy Mamou-Mani, le patron du Syntec numérique, pèche par son charisme et brille par son optimisme forcené (illustré par le dernier baromètre du secteur), en public il n’hésite pas à en faire des caisses quitte à faire son cinéma, une de ses grandes passions avec l’art contemporain et l’opéra.

Action !

Dans le communiqué de presse  de cette grande journée que restera le 17 novembre 2011, le patron des patrons numériques lance sans ambages : « Le Numérique, Industrie du futur et futur de l’Industrie » avant de lâcher : « en conséquence, Syntec Numérique prévoit en 2012 une croissance en France de +1%. Le Numérique demeure le moteur de croissance important et d’innovation pour l’ensemble des secteurs. »

Du cinéma on vous dit  ! Ou alors Guy Mamou-Mani n’a rien compris au secteur qu’il représente. Son postulat : le numérique serait le moteur de l’ensemble de l’industrie. C’est vite oublier qu’il est le patron des patrons de sociétés de services qui sont, par essence, au service de… l’industrie ! Tenter de prendre le premier rôle comme le fait Guy Mamou-Mani tourne plutôt au ridicule.

Effectivement, il suffit aux grands de l’industrie de claquer des doigts pour que ses sous-traitants soient mis au pas. Le dernier exemple de Peugeot qui a annoncé des restructurations d’ampleur suffit à illustrer le propos. A côté de son homologue d’Airbus, Renault, Peugeot, etc., le patronat numérique fait pâle figure et représente plutôt un sous-patronat aux ordres des puissants. Ainsi, même au Medef le rôle du Syntec numérique est relativisé. Que pèse-t-il face à l’UIMM (Union des industriels des métiers de la métallurgie) qui se repose sur un trésor de guerre et un entregent politique incommensurables ?

Le réalisateur s’attaque aux figurants

Lors de sa séance, Guy Mamou-Mani a donc préféré accuser les figurants de mal jouer  laissant de côté les premiers rôles industriels. La charge a été portée contre le Munci, l’Association professionnelle des informaticiens, comme celui-ci le rapporte sur son site Internet (à lire ici). Comme des journalistes ayant assisté à la projection du Syntec numérique l’ont expliqué au Munci, Guy Mamou-Mani a dénigré cette « organisation pseudo-syndicale qui mène un très mauvais combat car cela nous empêche de faire pression sur les politiques pour améliorer le nombre de diplômés en informatique ».

Sans minimiser l’action du Munci, on a du mal à croire que cette modeste association, au regard du mastodonte Syntec numérique, puisse lui être aussi nocif. S’il l’est, ce n’est que d’une façon quand les membres du Munci ont la mauvaise idée de remettre les choses au clair.

Ainsi, le patron du Syntec numérique crie aux 800 000 informaticiens en France dont « 400 000 environ dans les services informatiques et autant chez les clients » et un « taux de chômage de la profession (qui) n’est que de 3% ». L’ami Guy est alors pris en flagrant délit de mensonge même s’il atteste que son « chiffre (est) incontestable (et) n’est pas donné par nous. »

Le Munci remet les pendules à l’heure, statistiques de la Dares et de Pôle-Emploi à l’appui. Ainsi, au deuxième trimestre 2011, il y avait  533 000 informaticiens salariés et demandeurs d’emploi. Côté chômage, après une deuxième hausse en août 2011, il y a 31 400 chômeurs du numérique qui représentent un taux de chômage de 6,3% dans la profession (à lire ici).

Pour finir concernant le Munci, Guy Mamou-Mani pense que c’est un « pseudo-défenseur des travailleurs ». Là, il commet une faute de communication de premier ordre. Donnons-lui un conseil qui lui fera économiser quelques milliers d’euros de conseil en la matière. S’attaquer à plus faible que soit n’est le reflet que de sa propre faiblesse. Une faute de poids qui démontre surtout le désarroi dans lequel se trouve le patron numérique. Désarroi qui semble tourner à la panique.

Dans les pas de son frangin

Guy nous a alors fait tout un pataquès pendant sa conférence de presse. Du grand art avec travelling avant et zoom à tout crin. Une fois encore, comme à son habitude, il n’a fait que suivre les pas de son grand frère : Alain Mamou-Mani. Après une maîtrise d’informatique et ses premières expériences dans la vie active, Alain a fondé Go International dont il sera le coprésident-directeur général jusqu’en 1987. Guy n’est alors qu’un tout jeune professeur de mathématiques qui laissera tomber l’enseignement en 1985 pour devenir… Président de GO International dès 1986. Merci frangin !

Alain est désormais producteur à Quid-Novi comme l’atteste sa fiche Viadeo. Il a entre autre produit « Rire et châtiment » en 2003, « Terre promise » en 2004, « Bunker Paradise » en 2005 et « Château en Espagne » en 2008. Regardant son grand frère avec des yeux pétillants de fierté, Guy tente, une fois encore, de faire comme son aîné. Du cinéma donc, mais en moins réussi, concédons-le.

Du reste, c’est avec gourmandise qu’on attend avec impatience la prochaine super-production Made in Syntec numérique : la grande campagne de communication qui vise à changer l’image, et peut-être même le nom, des SSII. Cette comédie d’un budget de 100 000 à 200 000€ sur deux ans sera réalisée par Olivier Vallet de Stéria et devrait être sur tous les écrans en début d’année prochaine. On en rigole d’avance.

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A propos Nicolas Séné

Nicolas Séné, journaliste indépendant spécialisé dans les questions sociales, a recueilli une foule de témoignages. Il démontre, exemples vécus à l’appui, comment les cadres des SSII sombrent d’année en année dans un marasme professionnel, moral et personnel de plus en plus profond. Un malaise nouveau, typique du capitalisme actuel, dont personne ne semble avoir encore pris la mesure.
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