La bibliothèque de la révolution sociale : la propagande

La révolution sociale a désormais sa bibliothèque ! L’idée, c’est de venir y puiser des lectures pour mieux comprendre les choses, le monde du travail aura bien sûr une bonne place. Après avoir analysé le petit milieu de l’informatique et des SSII, il est indispensable maintenant de remettre cela dans une vision d’ensemble. Commençons par « la fabrique du consentement » et la transformation de la propagande en relations publiques.

Le petit milieu du journalisme qui prône une objectivité de façade est souvent mise à mal par la suspicion générale. Les médias sont soupçonnés de faire l’éloge d’une idéologie, autrement dit de faire de la propagande. Les journalistes sont alors accusés d’être les bons petits soldats, armés de leurs stylos, micros et claviers.

La propagande définie comme l’« action exercée pour faire connaître, faire accepter une doctrine, des opinions », dixit le Larousse, la frontière devient donc ténue même pour des accrocs à l’objectivité. Une analyse pertinente sur le sujet nous vient tout droit des Etats-Unis. Popularisé en France ces derniers mois par Daniel Mermet et Olivier Azam dans leur film « Chomsky et Compagnie », les trente ans de veille médiatique de Noam Chomsky révèlent les failles d’un système. Pourfendeur de l’obscurantisme, Chomsky parle bien de système et surtout pas de complot.

Ce système donc a conduit à la « fabrique du consentement » où les élites économiques et politiques fournissent le gros des informations. Ils façonnent ainsi un « modèle de propagande » qui sert leurs intérêts communs où la presse sert de courroie de transmission avec la masse.

Un modèle qui est expliqué sans complexe « Propaganda », le testament idéologique d’Edward Bernays. Ce neveu de Freud sera le premier à se servir des découvertes de son illustre aïeul : jouer avec l’inconscient pour servir ses intérêts. Fasciné par la force de la propagande pendant la Seconde guerre, il fait partie de ceux qui « s’interrogent sur la possibilité d’appliquer une technique similaire aux problèmes en temps de paix. » Cette « nouvelle propagande » sera affublée d’une appellation moins connotée : les relations publiques.

Bernays résume son concept : « la voix du peuple n’est que l’expression de l’’esprit populaire, lui-même forgé pour le peuple par des leaders en qui il a confiance et par ceux qui savent manipuler l’opinion publique, héritage de préjugés, de symboles et de clichés, à quoi s’ajoutent quelques formules instillées par les leaders. » Tout est dit.

Il devient alors utile de se plonger dans ces analyses afin de comprendre le système pour rester, tant que faire se peut, objectif. Enfin, pour celles et ceux qui le revendiquent.

Cet article a été publié sur le site de l’Association des Journalistes toulousains et de Midi-Pyrénées

Pour aller plus loin :

« Comprendre le pouvoir » – L’indispensable de Chomsky – Premier, deuxième et troisième mouvement – Editions Aden – 10 € l’exemplaire.

« Propaganda » – Edward Bernays, préfacé par Normand Baillargeon « Comment manipuler l’opinion en démocratie » – Editions Zones – 12 €.

« Les nouveaux chiens de garde » – Serge Halimi – Editions Raisons d’agir – 6 €.

A propos Nicolas Séné

Nicolas Séné, journaliste indépendant spécialisé dans les questions sociales, a recueilli une foule de témoignages. Il démontre, exemples vécus à l’appui, comment les cadres des SSII sombrent d’année en année dans un marasme professionnel, moral et personnel de plus en plus profond. Un malaise nouveau, typique du capitalisme actuel, dont personne ne semble avoir encore pris la mesure.
Cet article, publié dans La bibliothèque de la révolution sociale, est tagué , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire